Au Maroc, tout le monde joue le rôle de l’éducateur. Je ne sais pas si les temps ont changé mais je me situe là dans les 90. A l’époque, tout le monde se permettait de critiquer

et de conseiller les personnes au comportement déviant (j’en faisais partie). Pour caricaturier cette période, je vais dire que les bonnes âmes sont en alerte et dès qu’une jeune fille de leur entourage commence à avoir l’âge « des folies » (vers les 12 ans), leurs gyrophares se mettent en route pour éclairer la route ténébreuse de cette jeune fille. Merci bonnes âmes. Il fallait juste une constatation de fait pour aboutir à un jugement d’appel. Et quels étaient les faits ? Je suis fille d’enseignants, mes parents se battent pour que je ne manque de rien, ce sont des gens respectueux et respectables. A l’époque, les études me passaient au dessus de la tête, j’étais jeune et rebelle. Par conséquent, selon notre société, je n’étais pas la fille modèle que normalement je devrais être vu le milieu d’où je viens. Il fallait que je sois conforme à la société et par conséquent donner lieu à l’hypocrisie sociale dont beaucoup de gens sont cantonnés. Il fallait que je corresponde à ce que mon entourage exige de moi, que je sois en quête perpétuelle de reconnaissance quitte à m’inventer différentes personnalités pour satisfaire tout le monde. Sinon, vous avez bien constaté, on n’est pas conforme et pire on est rebelle. Quelle ironie ! Ne soyez pas différents, laissez votre créativité et votre intelligence en berne, elles ne serviront qu’à vous causer des ennuis. De quel droit peut-on juger les autres sans les connaître vraiment ? J’ai beaucoup souffert du regard des autres, de leurs réflexions mal placées mais paradoxalement, cela m’a permis d’adopter une attitude qui devient une denrée rare de nos jours LA TOLERANCE.

Fragments de vie -1- (Les plaisirs de l’adolescence au Maroc)

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